mardi 2 juillet 2013

Presse 1er juillet 2013

Source France Guyane - 01/07/2013       le lien iciLe garimpeiro détenait 1 kilo d'or...

Le garimpeiro détenait un kilo d'or : un an ferme

Alors que sont souvent évoqués les impacts sanitaires, environnementaux ou sociaux de l'activité, cette saisie record de 1.214 g de minerai aurifère (voir sur la  gauche le lien "cours de l'or"), illustre bien l'importance de l'impact économique direct de ce pillage destructeur de la forêt guyanaise, auquel il faut rajouter le coût des opérations de répression (héliportages...) les préjudices commerciaux (tourisme notamment) les coûts sanitaires (évacuation sanitaires héliportée, vectorisation du paludisme) etc....




Presse 2 juillet 2013

Source : www.slate.fr - 02/07/2013      le lien ici :   L'or de Guyane...

L'or de Guyane pèse moins lourd que le Brésil
Publié le 2 juillet 2013
Par Hélène Ferrarini, journaliste et enseignante en Guyane

"Face aux problèmes sociaux, environnementaux et sanitaires, à la criminalité, les moyens mis en œuvre par la France pour lutter contre l'orpaillage illégal sont peu efficaces. Et c'est volontaire.

Des militaires français démantèlent un site d'exploitation illégal de l'or dans le district 
de Saint-Laurent Du Maroni, en Guyane, en octobre 2012. REUTERS/Ranu Abhelakh -
Le même scénario dans n'importe quel autre département français tiendrait de l'impensable. Pourtant en Guyane, la situation dure depuis maintenant deux bonnes décennies et le statu quo n’est pas prêt de changer. Parce qu’il en va des relations diplomatico-commerciales de la France avec le géant brésilien, l'or guyanais continuera encore longtemps à alimenter les comptoirs brésiliens, l'envolée du cours de l'or aidant, malgré son corollaire de graves problèmes sociaux, environnementaux et sanitaires.

Une des conséquences les plus alarmantes est la contamination au mercure de certaines populations. Les activités d'orpaillage, en fragilisant les sols et en remuant les sédiments des cours d'eau, mettent en circulation du mercure naturellement stockés dans les terres guyanaises. S'ajoute à ce mercure «naturel», la pollution au mercure élémentaire, dont les orpailleurs se servent pour amalgamer les paillettes d'or. Pour 1 kg d'or, c'est 1,3 kg de mercure qui est utilisé.

Le métal s'accumule par la suite dans les chairs des poissons sous sa forme la plus toxique, le méthylmercure. Poissons qui finissent ensuite dans les filets des pêcheurs amérindiens, constituant une part importante de leur alimentation. Chez les Amérindiens Wayanas du Haut-Maroni, les taux d'imprégnation au mercure sont largement supérieurs aux normes de l'OMS, entraînant des troubles neuropsychologiques chez l'enfant, dont l'Inserm avait déjà décerné les signes dès 1998.

Des informations précises sur l'impact environnemental de l'orpaillage illégal sont difficiles à obtenir. En effet, depuis 2006, la Préfecture de la Guyane ne publie plus de rapport à ce sujet. Toutefois certaines associations environnementales, comme le WWF, mènent des travaux d'investigation. Cette ONG estime qu'au cours des années 2000, les surfaces déboisées et les linéaires de cours d'eau impactés par l'orpaillage illégal ont été multipliées par trois.

Quant aux quantités d'or exploitées, les estimations tournent autour d'une dizaine de tonnes extraites illégalement de Guyane chaque année; soit, dix fois plus que par la voie légale. Ce sont plusieurs milliers de garimpeiros —entre 6.000 et 30.000 selon les estimations— qui s’attellent à cette rude tâche, dans plusieurs centaines de sites d'orpaillage clandestins, qui sont autant de villages en plein cœur de la forêt équatoriale.

Les recherches réalisées par le WWF attestent d'un véritable grignotage de l'intérieur du territoire guyanais. Les conditions de vie, dans ces lieux d'habitation précaires, très éloignés des centres urbains, sont particulièrement difficiles. Les échanges se font par pirogues sur les cours d'eau et par quads sur des pistes tracées dans la forêt. Les deux fleuves frontières, que sont le Maroni avec le Surinam et l'Oyapock avec le Brésil, sont des axes majeurs de l'orpaillage clandestin. C'est par là que transitent les garimpeiros, le matériel et l'or.

De l'autre côté du fleuve Oyapock, dans la ville brésilienne d'Oiapoque, une partie de l'or exploité illégalement rentre alors dans le circuit légal. Le métal y est déclaré dans des comptoirs brésiliens, avec pour mention «produit brésilien originaire d'Oiapoque», alors que l'orpaillage n'est pas pratiqué sur cette commune.

Face à cette situation, les moyens mis en œuvre par la France sont peu efficaces. Quelques centaines de militaires composent l'opération Harpie en place depuis 2008. Ils installent des barrages sur les fleuves pour contrôler les pirogues. Ils saisissent des quads. Ils détruisent des camps. Mais les barrages sont contournés par la forêt. Du nouveau matériel est acheminé. Les camps sont déplacés.

Quant aux orpailleurs expulsés, ils reviennent par la prochaine pirogue, le fleuve frontière étant extrêmement facile à traverser. Au mieux, ces actions gênent l'orpaillage illégal; dans tous les cas, elles ne l'éradiquent pas. Le phénomène aurait même tendance à reprendre, comme depuis un an dans les limites du Parc national amazonien, zone pourtant protégée s'il en est.

Alors que l'explication couramment avancée est celle de la difficulté du terrain, l'universitaire Gérard Police y voit une volonté étatique: «la répression est volontairement limitée. Les militaires auraient les moyens d'intervenir, si on leur donnait... Mais l’État français préfère passer sous silence le pillage de la Guyane française».

En 2008, on avait vu les prémices d'une coopération franco-brésilienne sous les traits d'un accord bilatéral de lutte contre l'orpaillage illégal. Mais ce texte est resté lettre morte, les parlementaires brésiliens ne l'ayant toujours pas ratifié. Il faut dire que sur la question de l'or guyanais, Paris et Brasília s'accommodent plutôt bien de ce statu quo. Ceux qui lancent des appels incessants à une coopération inter étatique sur l'orpaillage oublient un peu trop vite les principes de la Realpolitik, qui veut que les États agissent en fonction d'un savant équilibre d'intérêts nationaux et de rapports de force.

Du côté brésilien, l'or guyanais est une manne de revenus non négligeable. Les bénéfices de l'orpaillage clandestin sont certains. «Pour la ville d'Oiapoque, c'est une évidence, elle vit de l'orpaillage, l'Etat de l'Amapá [région brésilienne voisine de la Guyane] en tire aussi des bénéfices. La mafia, les clans y sont facilement identifiables. Mais c'est aussi le système financier brésilien dans son ensemble qui profite de l'or», décrit Gérard Police, auteur d'€udorado, le discours brésilien sur la Guyane française. Les garimpeiros viennent de l'Amapá voisin, mais aussi du Pará, du Maranhão, qui sont parmi les régions les plus pauvres du Brésil. L'universitaire explique que «les garimpeiros sont en fait des ouvriers qui travaillent pour des patrons qui, eux, ont les moyens de faire les investissements nécessaires pour l'exploitation aurifère.»

Des ouvriers et leurs familles aux patrons et leurs relations avec les milieux du pouvoir local, c'est toute une partie de l'économie de ces régions brésiliennes qui dépend désormais de l'or guyanais.

Du côté français, il est nécessaire de ménager le géant brésilien. Tout d'abord parce que la Guyane française n'est pas particulièrement bien vue par le Brésil. En général, comme une anormalité, à l'extrême comme une colonie, ce bout de France et d'Europe en Amérique latine ne va pas de soi. Gérard Police explique «la Guyane est dénoncée comme un reste de colonialisme, mais est tout de même tolérée par le Brésil, qui profite de la situation pour s'accorder certains avantages», comme celui de se servir dans les réserves aurifères guyanaises.

Et les Brésiliens ne sont pas sans rappeler le caractère anachronique de la Guyane française, lorsque la situation se raffermit à leur encontre. Ce fut le cas à la fin des années 2000 lorsque des politiques de l'Amapá menèrent une campagne antifrançaise particulièrement dure.

Or les tensions diplomatiques sont mauvaises pour le commerce. Et lorsque Paris regarde le Brésil, ce n'est pas un garimpeiro qu'elle voit, mais un gros client potentiel. Le Brésil est le premier partenaire économique français en Amérique latine. En 2011, le volume des échanges représentait 7,5 milliards d'euros, les importations françaises étant importantes dans les secteurs automobile, aéronautique et surtout de la défense.

En 2009, la France signait avec le Brésil un contrat d'armement de plus de 10 milliards d'euros, comportant entre autre des sous-marins. L'affaire fut moins concluante avec les Rafales, mais l'espoir d'en vendre 36 a tout de même tenu Paris en haleine jusqu'à il y a peu. A côté des milliards d'euros en jeu, l'or illégalement exploité par les Brésiliens en Guyane fait l'image de «miettes». D'ailleurs, la dernière visite de la Présidente brésilienne Dilma Rousseff à Paris a bien montré les priorités de la coopération franco-brésilienne. D'orpaillage, il ne fut point question.

Pour Gérard Police, c'est donc un «tribut en or que paye la France au Brésil» pour entretenir des relations pacifiées avec ce grand pays et préserver ainsi des intérêts commerciaux et diplomatiques. «Cette situation prendra probablement fin lorsqu'il n'y aura plus d'or en Guyane".

Hélène Ferrarini



lundi 1 juillet 2013

La loi de la jungle

Un documentaire choc de Philippe Lafaix

- Prix du documentaire au Festival international du film de l'environnement de Paris
- Prix du Meilleur film pour les droits de l'Homme au CinéEco au Portugal
- Prix du moyen métrage au FICA au Brésil
- Prix du documentaire Bulgarie.
- Primé au Festival international du film sur l'environnement

En 2003, la Guyane vit depuis près de 10 ans une explosion de l'activité minière illégale qui ravage sa forêt et menacent les populations autochtones à proximité des zones traitées ou sur les fleuves empruntés. Le problème commence à sortir des frontières de la lointaine Guyane et  les regards se tournent à nouveau vers cette terre déjà stigmatisée par son Histoire fondée sur l'esclavage et le bagne.

Philippe Lafaix réalise ici un reportage osé où il s'aventure au cœur des réseaux clandestins pour voir, écouter et comprendre les enjeux et les menaces d'une telle activité qui dépassent largement le fait d'une simple extraction minière illégale.
Car ce reportage, qui va permettre pour la première fois de médiatiser l'orpaillage illégal nous révèle l'existence d'une société complexe et délétère dont les relations humaines sont basées sur une violence extrême où une vie humaine ne pèse que quelques grammes d'or.

Ce film a joué un rôle important dans la prise de conscience de l’administration française qui va alors engager des opérations 'anaconda" pour éradiquer l'activité concentrée à cette époque sur quatre zones majeures (Dorlin, Saint Elie, Ipoussing, Sikini). Il y a même eu des arrestations de certaines personnes évoquées dans l'enquête. Aujourd'hui, la lutte continue sur l'ensemble du territoire face à des clandestins dispersés et plus nombreux...

Ce qui est pour le moins surprenant, c'est que ce documentaire remarquable a été censuré par la tyrannie médiatique de la bien-pensance, tant il est vrai que l'incurie de l'Etat y est également dénoncée. Il a connu toutefois un vif succès dans les centaines de salles privées où il a été projeté et sur le net où il est maintenant disponible.

Chronique d'une zone de non droit : la Guyane française 
Documentaire de Philippe lafaix - 2003 - 52 mn 



Le travail de Philippe Lafaix est majeur dans la prise de conscience du drame qui se joue en Guyane. Toutefois j'apporte ici un bémol quand à l'esprit qui anime le traitement du sujet final (les conséquences pathologiques d'une l'imprégnation mercurielle) car même si les dangers cités sont bien réels, le travail remarquable de Philippe Lafaix glisse dans les dernières minutes du reportage vers un sensationnalisme journalistique qui peut diminuer le crédit de son travail.

En effet, il est scientifiquement très difficile d'attribuer à coup sûr les pathologies observées uniquement à l'imprégnation mercurielle. Pour plusieurs raisons :
- Les malades ne survivant pas autrefois à leurs malformations, nous ne disposons donc pas d'un "historique" réel permettant d'évaluer l'évolution de ces pathologies chez les amérindiens. 
- Si un taux d'imprégnation très élevé est souvent observé (environ 30 µ/g), et il est déjà  à ce stade  responsable de retards cognitifs,  troubles nerveux , paresthésie... ce taux est cependant inférieur à celui mesuré au moments des stades ultimes de la maladie (environ 90 µ/g)
- Enfin d'autres facteurs existent et participent aux malformations présentées, pour ne citer que l'alcoolisme et la consanguinité par exemple qui sont une conséquence du modernisme  sédentaire apporté à ces "populations traditionnelles sous influence" (pour reprendre le terme de Claude Levi-Strauss).

La prudence commande donc à la conscience d'évaluer le mercure comme actuellement  un "facteur aggravant " et, si rien n'est fait pour éradiquer son utilisation, comme "la cause directe" d'une intoxication mortelle majeure prochaine.

Car l'intoxication est un problème sanitaire majeur aux conséquences très graves et qui se profile à l'horizon des fleuves de Guyane. Mais il est important de l'aborder avec toute la rigueur scientifique qui s'impose, car le choix d'une image médiatique facile et impressionnante, peut desservir la rigueur de l'enquêteur et occulter aux yeux du public les autres conséquences dramatiques de l'orpaillage. 

C'est pourquoi nous nous efforcerons d'aborder dans ce blog l'ensemble des impacts imputables à l'orpaillage.

Erwan Castel, Cayenne le 1er juillet 2013

Album photos Nateko

L'album de Nateko : 

"Cicatrice" - Photo Nateko
Dans son blog,Nateko partage de belles photos, illustrant bellement la Nature de Guyane... Et parmi ses albums il y a en a un qui traite du sujet de l'orpaillage et des cicatrices qu'ils laisse au cœur de  la forêt... 
76 belles photos explicites permettant de mieux mesurer l'ampleur du problème...

Un grand merci à Nateko pour cet album mis en ligne sur ce lien : "L'univers des orpailleurs guyanais"

dimanche 30 juin 2013

Rejoignez nous dans notre lutte !

Appel à renfort...

Nous sommes quelque uns vivant ou travaillant en forêt qui constatons que malgré les efforts des hommes déployés sur le terrain, leurs moyens et effectifs sont insuffisants et l'activité aurifère clandestine continue à se développer et ses impacts environnementaux, sanitaires et sociaux d'augmenter sans cesse dans des relations de plus en plus violentes.

Daniel B., un camarade de Guyane, participe à dénoncer ce problème majeur pour la Guyane. Merci de soutenir notre cause et de faire entendre notre appel et  faire connaitre la vérité en signant la pétition qu'il a réalisé.

Vous pouvez signer la pétition en ligne ici : Pour la fin de l'orpaillage clandestin en Guyane

Forêt guyanaise dévastée par les "placers" (mines) clandestins - Photo Express 27 juin 2012

Presse 28 juin 2013

Source France Guyane - 28/07/2013       Le lien ici : Les treize morts de Manoelzinho

Les treize morts de Manoelzinho


En juin 2013, Manoelzihno et sa bande défraient la chronique pendant le mois de juin par les meurtres de deux militaires et d'une douzaine d'autres clandestins dans le secteur de Dorlin. Un an après cette cavale sanglante, France Guyane fait le point sur le dossier.

"Vitam Impendere Vero"


La Guyane part en chasse contre les orpailleurs clandestins
"Marsouins" en infiltration dans la forêt guyanaise - Photo Express 12/07/2012

Un conflit meurtrier, 

caché par la forêt amazonienne et la jungle politique...


L'activité minière aurifère, déclarée ou illégale, est présente en Guyane Française depuis 1855, et tel un serpent de mer, elle resurgit tout au long de l'Histoire de ce territoire couvert à 90% par la forêt amazonienne...

Depuis 10 ans, favorisé par la mécanisation, le prix élevé de l'or, et l'immensité du territoire "l'orpaillage" s'est développé en Guyane, jusqu'à devenir un problème majeur pour l'environnement, et la sécurité des populations vivant en milieu isolé. 

Les mesures prises par l'Etat se révèlent souvent insuffisantes, les procédures législatives et tactiques imposées peu dissuasives, et les "garimpeiros" (nom donné au chercheur d'or brésilien) sont aujourd'hui plusieurs milliers a piller la forêt. 
De plus, ces clandestins évoluent dans leur organisation et leur mentalité, et ils n'ont ni scrupules ni contraintes, organisant en forêt un réseau délétère de mines, villages, et voies logistiques où la violence est chaque jour plus importante et meurtrière...

Aujourd'hui le "jeu du chat et de la souris" entre forces de l'ordre et clandestins est terminé, l'évolution des enjeux et des menaces amène à une radicalisation des comportements et  depuis plusieurs mois, l'affrontement est devenu direct et meurtrier....

Il y a tout juste 1 an,  l'adjudant Moralia et le caporal chef Pisot tombaient dans une embuscade à Dorlin, en plein coeur d'un département français ! Avant eux, nos forces armées avaient déjà perdus des gendarmes, tués ou grièvement blessé par balles, et essuyés souvent des tirs lors d'opérations menées en forêt. Et je ne compte pas ici la liste interminable des clandestins tués, blessés ou disparus...

Mais je m'interroge...

Car à l'heure où la France intervient en Afghanistan, en Libye, au Mali... affrontant avec vigueur des groupes puissamment armés,  ici en Guyane, depuis plus de 10 ans, elle retient ses coups légitimes, préférant sacrifier un environnement et des populations. 
Il est vrai que les villages de Guyane qui ne pèsent pas lourds devant les intérêts économiques, ou géostratégiques que la France ambitionne dans cette région d'Amérique du Sud. 

Dans ce blog je veux rassembler des analyses, des documents et des témoignages permettant de mieux connaître et essayer de comprendre cette guerre de basse intensité qui laisse des sillons ensanglantés au cœur d'une des dernières forêts tropicales de la planète  dont nous sommes les gestionnaires devant nos enfants... 


Erwan Castel, Cayenne le 30 juin 2013

"Vitam Impendere Vero"
 Juvenal (poète et philosophe romain du 1er siècle)